Tommy traversa le salon en courant, dérapa sur le carrelage et s'engouffra dans la cuisine. Il s'était levé de très bonne humeur, comme tous les matins et la journée lui semblait prometteuse, comme tous les jours. Avec un peu de chance, il irait se promener, mangerait, dormirait et s'amuserait et son bonheur serait complet. Pour Tommy, tous les jours se ressemblaient et étaient super. Il savait se contenter de joies simples comme se gratter l'oreille ou courser le chat des voisins. Oui, la vie était super. Il faut dire que Tommy était un chien, un labrador couleur sable de deux ans pour être précis. Il avait le poil luisant et la truffe humide, ce qui était signe de bonne santé. Son monde se résumait à son maître, sa gamelle et son panier. Son souci le plus grave était d'arroser tous les réverbères du quartier sans en oublier.
Mais pour l'heure, Tommy venait de débouler à grande vitesse dans la cuisine. La pièce était coquette et d'une propreté immaculée. Les meubles étaient rose pastel avec de petits motifs en forme de fraises. De jolis rideaux de dentelle froncée ornaient les fenêtres, laissant passer le soleil matinal. Un parfum de lilas synthétique flottait dans l'air. Tommy éternua vigoureusement. Le désodorisant lui cachait les effluves autrement plus intéressantes du garde-manger et de la poubelle. Dommage... Il se dirigea vers sa gamelle et y fourra son museau avec enthousiasme. Chouette, des croquettes ! Justement son plat préféré !
Il n'avait pas commencé à manger depuis plus de trois secondes quand une profonde obscurité tomba brutalement sur la cuisine. Le chien ne se déconcentra nullement. Il n'était pas au courant que le soleil ne s'éteignait pas comme ça. Il continua donc à fourrager allègrement dans l'écuelle rose marquée à son nom. S'il avait regardé par la fenêtre à ce moment, il aurait pu constater que l'obscurité s'étendait à tout le quartier et que chaque habitant s'était inexplicablement immobilisé, comme changé en statue. Les éboueurs s'étaient arrêtés en pleine course, leurs poubelles à bout de bras, les oiseaux restaient le bec ouvert sur leur gazouillis interrompu. Le seau d'eau savonneuse que la voisine venait de lancer en direction de sa voiture était figé à cinquante centimètres du sol.
Tommy acheva de lécher consciencieusement sa gamelle et se dirigea vers la porte du jardin. Elle n'existait plus. Tout comme le mur de la cuisine d'ailleurs. L'ensemble des briques s'était proprement dématérialisé, laissant une ouverture béante. Le chien dressa les oreilles et émit un wourf étonné. Il avait déjà vu les humains faire des choses extra-ordinaires comme changer la chaîne de la télévision simplement en tendant le bras ou transformer une simple boîte en fer en savoureux plat de raviolis. Aussi n'était-il que modérément surpris de ce nouveau prodige. Sans le mur, ce serait encore plus pratique de surveiller si le chat des voisins n'empiétait pas sur son territoire. Chouette alors !
Il sortit dans le jardin en trottinant et observa les alentours. De l'autre côté des troènes, un monsieur bedonnant était immobile derrière une tondeuse. Tommy remarqua qu'un curieux rayon de lumière rouge se déplaçait de bas en haut sur l'humain. Le rayon remonta jusqu'au crâne chauve et disparut. Le chien pencha la tête sur le côté. Son intellect était particulièrement lent à traiter les informations et il ne savait pas trop quoi faire de celle-ci. Un nouveau jeu ! Ca devait être ça : il fallait attraper le rayon de lumière. Chouette alors, il adorait les jeux ! Il se mit à courir le long du jardin en remuant la queue, cherchant sa proie. Il la retrouva sur l'un des éboueurs. Le rayon était apparu sur les chaussures de sécurité et avançait lentement vers le bleu de travail. Tommy jappa de joie et bondit par dessus la barrière pour s'élancer dans la rue. Arrivé au camion-poubelle, il poussa un aboiement caverneux. Le rayon s'arrêta à mi-parcours, tremblota et sauta sur la fourrure du chien qu'il entreprit de parcourir. Tommy essaya de le saisir de sa gueule mais ne réussit qu'à se mordre les flancs.
Quand il releva la tête, il n'était plus dans la rue. Il n'était même plus à la surface de la planète. Il se trouvait dans une immense pièce ronde aux murs métalliques, violemment éclairée aux néons. Toutes sortes d'objets et de machines l'entouraient et la plupart clignotaient avec entrain. Tommy se sentit attiré vers le sol et poussa un nouveau wourf, avec beaucoup plus de conviction que le précédant. En effet, la gravité était bien plus forte ici que dans son quartier. La truffe en l'air, il entreprit de renifler les odeurs de ce nouveau lieu. Toutes étaient entièrement nouvelles et fascinantes. Il aimait bien cet endroit ! C'était vraiment une super journée !
Une porte s'ouvrit
en coulissant -zwiiish !- et deux êtres entrèrent dans la
pièce. Chouette ! Des nouveaux copains ! pensa instantanément
Tommy. Les copains étaient des créatures gélatineuses,
d'une couleur jaunâtre, à peu près aussi hautes que
le chien. Elles se déplaçaient en reptant sur une sole pédieuse.
Chacune était munie de trois yeux à long pédoncule
et de deux tentacules préhensiles sur les flancs. L'une d'elle
lança :
- Gùqtiq jf gnjlh ? sdbgdjjjj rgh yfgb nv mqkfhqksjdfz ozjhhkjjjj
bq !
Ce qui, traduit du langage zirkonien, signifiait approximativement :
- Tu ne connais pas la dernière ? C'est le copilote qui me l'a
racontée !
A quoi, l'autre copain répondit... Mais pour faciliter la compréhension
du lecteur, qui peut ne pas être totalement à l'aise en zirkonien,
nous poursuivrons ce dialogue en français. L'autre répondit
donc :
- Non monsieur. Je ne suis pas au courant.
- Eh bien voilà : tu sais pourquoi les plutoniens n'utilisent jamais
ce tentacule ?
Et l'être l'agitait mollement pour ponctuer sa question.
- Non, monsieur.
- Mais, parce que c'est le mien !
Et il se tordit aussitôt de rire, ce qui équivalait chez
lui à virer entièrement à l'orange fluo. L'autre
créature resta un instant perplexe puis jugea prudent de changer
elle aussi de couleur.
Le diseur de blagues
se nommait Zort'. Il était directeur des recherches scientifiques
et était réputé dans tout le vaisseau-mère
pour être un vrai boute-en-train. L'autre était son assistant-laborantin,
le jeune Zikl'. Les deux êtres arrivèrent au niveau du chien
qui les salua d'un jappement joyeux. Zikl' demanda avec inquiétude
:
- Dites-moi, monsieur, il n'y a aucun danger ?
- Mais non, n'ai pas peur ! Le champ de convection parabolique à
retardement nous protège. Le sujet ne peut quasiment pas bouger.
Et sur ce, il s'avança en glissant vers Tommy. Celui-ci, tout content,
crut qu'il allait recevoir une caresse et s'approcha à son tour.
Ces deux copains lui étaient déjà très sympathiques
! De toutes façons, il trouvait presque tout le monde sympathique...
Il se heurta violemment à une barrière invisible et fut
rejeté en arrière. Tommy poussa un pitoyable kiaii.
- Tu vois, reprit le professeur Zort', aucun problème. Ordinateur,
commence l'enregistrement de l'étude. Ordinateur ? Ordinateur !!!
Une voix s'éleva dans la pièce, semblant provenir de partout
à la fois. Elle parlait en détachant soigneusement ses syllabes,
sur un ton précieux :
- Oui, professeur Zort' ?
- Je t'ai donné un ordre, il me semble.
- Il n'était pas suivi de la formule de politesse d'usage, il me
semble, rétorqua l'ordinateur en parodiant le ton outré
du zirkonien.
- Par les profondeurs du subespace, Zikl', cette crétinerie d'ordinateur
de mes deux tentacules a encore bugé !
- Il semblerait, monsieur, répondit l'assistant avec circonspection.
- Tu vas obéir immédiatement, ordinateur, reprit Zort' sur
un ton autoritaire, sinon, je te reboote, sacré nom de...
Suivirent un grand nombre de jurons que nous ne nous risquerons pas à
traduire mais qui se référaient à la répugnante
espèce des gnolgues du secteur de Centaurii II et à leurs
moeurs sexuelles inhabituelles. L'ordinateur obtempéra non sans
avoir ajouté :
- La violence est le dernier refuge de l'incompétence...
Le professeur, qui
avait viré au turquoise sous l'effet de l'énervement, reprit
lentement sa couleur d'origine :
- Bon, commençons donc l'enregistrement. Le sujet est un habitant
de la planète Sol III. Galipeur hyper atomique à ondes courtes
!
Une trappe s'ouvrit dans le plafond et un engin ressemblant à une
pieuvre en caoutchoucs descendit lentement au-dessus du chien. Tommy lui
trouva une vague ressemblance avec son jouet qui fait pouet et essaya
de l'attraper. Zort' continuait :
- Sa chimie est basée sur le carbone. Il a quatre membres, un squelette
calcaire interne et un système nerveux centralisé. Le sujet
pèse 217 florgs et mesure 33 mush de long. Prélèvement
de fluide circulatoire et de tissu cutané !
On entendit un léger zonzonnement et plusieurs machines clignotèrent
un peu plus vite dans la pièce. Sans qu'il s'aperçut de
rien, le sujet fut délesté de quelques petits morceaux.
- Son code génétique est porté par une hélice
double. Je verse au dossier les images trid de ses cellules. Il maîtrise
un artisanat évolué, comme le prouve l'ornement autour de
son cou. Passons à l'analyse comportementale. Zikl' ?
- Tout de suite, monsieur.
Le jeune assistant lança à son maître un regard triple
éperdu d'admiration et lui tendit un lot de cubes transparents.
Le professeur Zort' les prit et activa le premier d'un effleurement de
tentacule. Une image en relief et en couleurs très réaliste
se matérialisa. Il s'agissait d'un tank terrien de couleur kaki.
Zort' la tendit vers le chien.
Tommy, qui s'ennuyait
ferme depuis le début de l'examen, s'était couché,
la tête sur les pattes. Réalisant qu'on s'intéressait
de nouveau à lui, il dressa les oreilles. Cependant, l'image du
tank le laissa froid, tout comme les images de grenades, de mitraillettes,
d'avion à réaction et de champignon nucléaire qui
suivirent. Par contre, quand apparut un mignon petit chat gris, il se
redressa brusquement et commença à aboyer. Sa queue fouettait
l'air : enfin quelqu'un qui allait jouer avec lui ! Parce que les copains
n'étaient pas très rigolos... De surprise, Zikl' avait basculé
en arrière et il luttait pour se relever. Zort' lui tendit un tentacule
secourable :
- Curieuse réaction, n'est-ce pas, mon jeune ami ? Le sujet ne
s'intéresse absolument pas à la guerre comme on aurait pu
s'y attendre. Mais ses ondes cérébrales montrent un goût
immodéré pour les autres êtres vivants !
- Très curieux en effet, monsieur, acquiesça l'assistant,
encore un peu secoué.
- Bon, sors le sparkler à technologie positronique giga-optimisée
pour la mesure du taux d'agressivité.
- Bien, monsieur.
Le zirkonien approcha un engin muni d'engrenages triangulaires de toutes
les couleurs. Il fit quelques réglages puis annonça :
- Taux d'agressivité du sujet : nul, monsieur.
- Comment ça, nul ? Refais une mesure.
- Toujours nul, monsieur.
- Fascinant...
Et Zort' croisa ses tentacules derrière son dos en prenant un air
songeur.
Il réfléchit
longuement et sa chair gélatineuse passa par le rose puis par le
brun noisette. Enfin, il murmura :
- Envoyons une décharge au sujet, pour voir comment il réagit.
- Une décharge ? Tout de suite, monsieur.
L'air crépita brusquement à l'intérieur du champ
de confinement et Tommy poussa un gémissement aigu. Il se réfugia
le plus loin possible de la paroi invisible, la queue basse.
- Et maintenant, demanda Zort'.
- Agressivité toujours nulle, monsieur. L'appareil indique en revanche
un taux élevé d'incompréhension.
- C'est vraiment bizarre... Mille milliards de trous noirs, je n'y comprends
rien.
Il commença à faire les cent... enfin, à se déplacer
de long en large en marmonnant. Tommy, qui avait déjà oublié
sa mésaventure, le suivit de l'autre côté de la barrière
en remuant la queue, les yeux brillants. Zort' s'exclama :
- En plus, il n'est vraiment pas rancunier ! Ordinateur, rentre les données
dans le turbo-tricordeur à démodulation quantique et compute
le profil psychologique complet.
La voix de l'ordinateur se fit à nouveau entendre. Il déclamait
sur un ton rêveur :
- ... les slictueux toves
Gyraient sur l'alloinde et vriblaient:
Tout flivoreux vaguaient les borogoves;
Les verchons fourgus bourniflaient.
- Ordinateur, qu'est-ce que cela signifie ?
- Il s'agit d'une traduction d'un de leurs poèmes les plus connus,
ignare créature de chair. N'est-ce pas magnifique ?
- Ordinateur, un peu de respect, enfin ! Ho et puis, j'en ai plus qu'assez
!
Entrant dans une colère bleue, le professeur se dirigea vers une
paroi métallique. Il pianota un code ultra-secret sur une console
gravée de signes étranges. Un compartiment s'ouvrit dans
le mur et une sorte de boîte noire et blanche, hérissée
de fils, apparut. Zort' prit la boîte et lui asséna une claque.
Puis, il la remit avec précautions dans le mur et referma le panneau.
Enfin, il dit sur un ton mielleux :
- Ordinateur, es-tu à présent disposé à me
faire ce profil psychologique ?
- A vos ordres, professeur, répondit une voix claire et froide,
avec un rien de vibrato mécanique.
- Je préfère ça.
A ce moment, la porte
coulissante s'ouvrit -zwiiish- et trois zirkoniens entrèrent. Il
s'agissait d'êtres subtilement différents de nos deux scientifiques,
comme en témoignaient les longs cils pailletés qui ornaient
leurs yeux pédonculés. Nos notions de mâle et de femelle
ne s'appliquent bien évidemment pas aux zirkoniens et, sous peine
de mettre en surchauffe l'esprit de nos lecteurs, nous ne nous lanceront
pas dans un laborieux exposé sur leur biologie. Mais admettons
pour simplifier que les trois nouveaux venus étaient des filles.
Et sexy de surcroît, selon des critères extra-terrestres.
Elles entourèrent le professeur Zort' en le frôlant de leurs
tentacules :
- Professeur, nous allions respirer un peu de sulfures. Voulez-vous vous
joindre à nous ?
- Mais volontiers, mes jolies ! Mon petit Zikl', si je ne suis pas de
retour dans cinq cycles... eh bien, attendez plus longtemps !
Ce trait d'esprit fit virer les trois filles à l'orange le plus
vif et elles s'exclamèrent en minaudant :
- Que vous êtes spirituel, professeur !
- Nous ne nous ennuyons jamais avec vous !
Et ils partirent tous ensemble (-zwiiish, zwiiish-).
L'assistant demeura seul avec le chien et les cliquettements de l'ordinateur qui computait le rapport. Il n'avait bien sûr aucune raison de cliqueter, étant donné que tout son fonctionnement se faisait par échanges d'énergie sans aucune pièce mécanique. C'était uniquement pour le style. Cependant, Tommy avait fini de prendre connaissance des odeurs locales et il se sentait à présent comme chez lui. Afin d'entériner cet état de fait comme il se doit, il s'approcha du champ de contention et urina consciencieusement dessus. La barrière magnétique grésilla et fit quelques étincelles avant de rendre l'âme. Pétrifié, Zikl' laissa choir l'objet qu'il tenait, une sphère qui pulsait d'une douce lumière. L'assistant observa Tommy qui s'approchait de lui. La peur le tétanisait totalement et ses trois yeux étaient rivés à la mâchoire du chien, qu'il savait remplie de crocs acérés. Tommy ramassa la sphère et, se dirigeant vers le zirkonien, la lui présenta, la prunelle humide. Zikl', obéissant à un réflexe inconnu, la prit et flatta la tête de l'animal. Tous comptes faits, c'est un super copain, pensa Tommy. Il jette des balles !
Quand le professeur
Zort' rentra dans son laboratoire -zwiish-, il trouva son assistant en
train de lancer de toutes ses forces un communicateur infra-spatial à
deux millions de crédits. Tommy traversa la pièce en courant,
saisit la sphère luminescente au vol et la rapporta à Zikl'.
Celui-ci ponctua l'exploit d'un "Ca, c'est un bon chienchien !"
en grattant furieusement l'animal derrière les oreilles. Tommy
émit un borborygme de plaisir et renversa le zirkonien au sol pour
le lécher copieusement. Si Zort' avait eu une gorge, il se la serait
probablement raclée. Quoi qu'il fit à la place, cela eut
le même effet. Zikl' se redressa et prit un air gêné
:
- Euh... monsieur, je crois que je viens de lier une relation inter-personnelle
avec le sujet...
- C'est cela oui...
- Je vais de découverte en découverte ! Je lui ai donné
un morceau de Virgluschmoll 200 et il adore ça !
- Vous avez là de curieuses méthodes scientifiques mais
admettons...
Le professeur jeta un coup d'oeil au chien. Tommy contemplait l'assistant
avec une adoration béate. Le labrador était aux anges. Il
commençait à bien l'aimer, le copain ! Cela dit, il avait
une tendance naturelle à aimer bien tout le monde. Zort' dit d'une
voix lasse :
- Ordinateur, quelles sont les conclusions du rapport psychologique ?
- Le sujet est gentil, naturellement bon et serviable. Il aime jouer,
manger et dormir. Sa morale est inexistante et donc irréprochable.
Il est extrêmement sociable et plein d'enthousiasme.
- Et donc absolument pas dangereux ?
- Sauf pour un Virgluschmoll 200.
- Parfait.
- Vous servir est un plaisir de tous les instants, professeur.
L'ordinateur avait prononcé cette dernière remarque sur
un ton parfaitement neutre. Zort' se demanda si ses nerfs lui jouaient
des tours ou s'il avait perçu une touche d'ironie. Il décida
de passer outre :
- Ordinateur, tu vas re-transférer le sujet de Sol III à
l'endroit où il a été prélevé. Ah oui,
tu penseras à remettre le mur de sa maison à sa place.
- Bien, maître vénéré.
Le professeur lâcha un profond soupir. Il se tourna vers Zikl' qui
se dandinait sur sa sole pédieuse :
- Mais qu'y a-t-il, mon jeune ami ?
- Euh, monsieur, pensez-vous que je pourrai revoir un jour le sujet ?
Pour des raisons strictement scientifiques, bien sûr !
- Eh bien, vous n'avez qu'à demander Sol III comme stage de fin
d'études...
- Ho, quelle excellente idée, monsieur !! Je ne manquerai pas de
le faire.
- Bon, je vais voir le capitaine Zagh' pour lui faire mon rapport.
Zort' sortit du laboratoire
-Zwiiish- et longea une coursive de métal poli. Il s'arrêta
un instant pour contempler la planète bleue, loin en bas. Puis,
il pénétra sur la passerelle. Au centre, sur un confortable
coussin suspendu dans les airs, se prélassait un zirkonien impressionnant.
Sa peau était recouverte de tatouages qui attestaient de son rang
et des nombreuses batailles remportées pour l'obtenir. Le professeur
salua en faisant deux tours sur lui-même :
- Directeur des recherches Zort' au rapport !
- Parle.
- Capitaine, après des recherches approfondies, il s'avère
que le sujet capturé n'est absolument pas dangereux pour nous.
- Quoi ?! Mais comment est-ce possible ?
- Capitaine, je suis formel.
Un zirkonien de la passerelle avait subrepticement tordu un oeil pour
suivre la conversation et Zagh' le foudroya du regard. Zort' reprit :
- Les aldébarans ont du se tromper.
- Voyons, ils nous avaient dit que les habitants de Sol III étaient
sanguinaires, perpétuellement en guerre sur leur propre planète,
fanatisés par des religions archaïques, prêts à
se déchirer l'un l'autre pour une simple différence de couleur
de peau !
- Je sais tout cela...
- Ils avaient dit que les armes étaient en vente libre, que chaque
jeune recevait une éducation martiale obligatoire, que ces êtres
avaient même eu la stupidité de faire exploser des bombes
atomiques !
- Je sais, je sais. Mais notre ordinateur a sélectionné
cet individu qui d'après le calcul statistique est représentatif
de l'espèce dominante.
- Eh bien, dans ces conditions, il ne nous reste plus qu'à partir.
Mécanicien, débranchez l'hyper canon anti-matière
à fragmentation mono-moléculaire ! Nous abandonnons la destruction
de la planète !
- Bien capitaine !
- Pilote, cap sur Zirkon !