Fiche technique :

Titre original : El laberinto del Fauno

Réalisateur : Guillermo Del Toro (Mimic, L'échine du diable, Hellboy…)

Acteurs principaux : Sergi Lopez (Harry, un ami qui vous veut du bien…)

Ivana Baquero

Doug Jones (Hellboy, La jeune fille de l'eau…)

Sortie : novembre 2006

Durée : 1h52

Version originale : espagnol

Le début :

Il y a bien longtemps, dans un royaume onirique vivait une princesse qui s'enfuit dans le monde des hommes. Pour qu'elle puisse revenir, son père plaça sur tout la terre des portails magiques…

Espagne, 1944. La guerre civile est terminée mais les combats entre les troupes franquistes et les rebelles républicains continuent. Ofelia, une petite fille rêveuse à la tête emplie de contes de fées, emménage dans une vieille maison avec sa mère. Celle-ci vient de se remarier avec un inquiétant capitaine franquiste. Guidée par un étrange insecte, l'enfant découvre non loin de la maison un antique labyrinthe de pierre. Au cœur du labyrinthe, se trouve un portail…

Histoire :

Le scénario est habilement construit et les scènes des deux mondes se répondent sur les mêmes thèmes : le mal, l'enfance, l'innocence perdue, la guerre… J'ai regretté toutefois le déséquilibre de temps entre les deux mondes, qui privilégie la description des horreurs du régime franquiste.

L'action est assez présente, notamment avec les séquences de batailles entre les militaires et les rebelles. L'intérêt ne faiblit à aucun moment durant les deux heures.

Guillermo Del Toro reste fidèle à son monde où le merveilleux côtoie l'horreur. Il nous présente encore une fois le mal absolu sous l'uniforme du fascisme. On retrouve également sa fascination glauque pour les engrenages puisque la montre du capitan fait le même son que le nazi mécanique de Hellboy.

Les scènes les plus violentes sont aussi les plus réalistes. Le réalisateur coupe très judicieusement les séquences une seconde trop tard, en montrant suffisamment pour laisser notre imagination travailler sans verser dans le gore. A noter, en la matière, une seule faute de goût à mon sens : la scène finale du capitan devant son miroir, bien trop longue. L'auteur semble être tombé amoureux de la noirceur de son personnage…

Au final, le film est un magnifique conte de fées pour adultes, d'une troublante beauté, mais aussi porteur de sens. A voir en VO, cela se précise-t-il encore ?

Réalisation :

La réalisation est efficace, d'une élégance sobre, similaire à celle de Hellboy. L'auteur utilise les couleurs et les lumières pour composer des ambiances variées mais qui ont en commun une grande beauté macabre. Le monde réel est dominé par les bruns et les verts tandis que le monde onirique tend vers les rouges et les ors.

Les mouvements de caméra sont fluides, les séquences impeccables, le jeu des acteurs principaux est mis en valeur.

Le film bénéficie en outre d'une jolie musique mélancolique, présente en restant assez discrète.

Acteurs :

Sergi Lopez est terrifiant en général froid et implacable, cruel jusqu'à la nausée, habité d'obsessions bizarres.

Ivana Baquero, une jeune inconnue, est étonnante, parfaite aussi bien dans la peur que dans l'émotion. Une actrice à suivre avec attention.

Doug Jones entre dans la peau des monstres avec aisance. Il dote l'être pâle d'une grâce hypnotisante. La plus belle scène du film.

Personnages :

Les personnages principaux sont bien construits, avec une histoire et une psychologie fouillée. On devine le capitan hanté par le souvenir de son père. De courtes séquences mettent subtilement en scène ses manies névrotiques (la montre, la musique sur laquelle il se rase…) et l'obsession qu'il a d'avoir un héritier. Le capitan est, en tous points, le vrai monstre du film. De son côté la fillette symbolise l'innocence et le rêve mis à mal par l'horreur du réel.

Photo :

Des décors soignés et des créatures au design fascinant contribuent à créer une vision baroque et macabre, un cauchemar effrayant mais plastiquement splendide. L'ambiance visuelle reste très sombre, avec beaucoup d'intérieurs et de nocturnes. Beauté et horreur se confondent dans les mondes de Guillermo Del Toro.

Effets spéciaux :

Ils mélangent habilement animatronics et image de synthèse. Du coups, les créatures ont une excellente matérialité en restant mobile. Les effets spéciaux sont cependant suffisamment peu nombreux pour ne pas étouffer le film. Certains sont particulièrement beaux, comme la mandragore ou encore le livre magique.

Si vous avez aimé… vous aimerez :

Si vous avez aimé Hellboy et L'échine du diable, vous pouvez aller voir Le labyrinthe les yeux fermés (pensez quand même à les rouvrir pendant la séance…). Si vous aimez les vieux films de Tim Burton, vous avez également de grandes chances d'adhérer à l'esthétique macabre de Del Toro.

Peut être vu par des enfants ?

Non, absolument pas. L'interdiction aux moins de 12 ans est parfaitement justifiée et constitue même un minimum.

Sexe/violence/humour :

Il n'y a aucun érotisme ni d'humour. Par contre, certaines scènes dont d'une extrême violence et qui plus est d'un parfait réalisme. Les âmes sensibles comme moi détourneront un moment le regard.

------------------------ATTENTION SPOILERS !!! ------------------------

Inspirations :

Le film se nourrit de mythes gréco-romains, de légendes et de contes de fées.

Sa principale source d'inspiration reste Alice au pays des merveilles. Les références au livre de Lewis Caroll sont légions dans le film, de la montre à gousset du capitan à la descente de l'héroïne entre les racines d'un arbre (comme Alice à la poursuite du lapin blanc), de la porte trop petite aux aliments qu'il ne faut pas consommer. Comme Alice, Ofelia oscille entre le réel et le monde de ses fantasmes.

Il y a également des citations du mythe de Perséphone. En effet, le royaume onirique semble souterrain, comme l'Hadès. Et Perséphone reste prisonnière de son kidnappeur après avoir mangé sept pépins de grenade quand sa mère lui avait bien recommandé de ne manger nulle denrée.

La séquence de la mandragore tire sa source de la magie médiévale et notamment de Paracelse. La racine anthropomorphe donne le pouvoir à celui qui la nourrit de son propre sang. Son cri a le pouvoir de tuer celui qui l'entend, ici la mère.

Le faune, sans nom dans le film mais rebaptisé Pan par le titre français, est lui aussi une créature de la mythologie gréco-romaine.

Le labyrinthe, lui, évoque le mythe de Thésée et du minotaure.

La porte magique, dessinée par l'enfant avec une craie sur un mur puis ouverte, est la même que celle de Beetlejuice, que les héros ouvrent sur les enfers de la même façon.

RETOUR