Présentation

Titre original : Obsidian butterfly

Roman fantastique de Laurell K. Hamilton. Tome 9 de la série Anita Blake.

Paru en France en 2006 chez Fleuve Noir, prévu en réédition chez Bragelonne.

721 pages

Résumé

Pour ceux qui n'ont pas lu les premiers :

Saint Louis, USA, époque contemporaine. Le monde connaît désormais l'existence du surnaturel. La magie s'enseigne dans les facultés, les loups-garous et autres faës vivent au grand jour, les sorciers ont pignon sur rue. Les vampires ont même acquis des droits de citoyens.

Anita Blake exerce la respectable profession de réanimatrice. Le soir venu, elle relève des morts pour que ses clients puissent leur poser des questions du style « Où t'as planqué le magot, mémé ? On a rien trouvé sous le matelas… ». Elle a également le statut d'exécutrice de vampires officielle, ce qui lui donne le droit d'abattre légalement les vampires coupables de crimes. Elle collabore avec la police en tant qu'experte en surnaturel. Son tableau de chasse s'enrichissant assez vite, sa réputation la précède souvent.

Jeune femme extravertie et audacieuse, petite brune pulpeuse, préférant le confort d'une paire de Nike à l'élégance des talons aiguilles, collectionneuse de pingouins en peluche et d'armes à feux à balles d'argent, Anita a une vie très compliquée.

Au fil de ses aventures, elle a progressivement été obligée d'abandonner une partie de ses principes pour survivre. Elle a gagné en pouvoir mais perdu en route une partie de son humanité. Elle a franchi la limite qui la séparait des monstres en devenant l'amante d'un puissant vampire, Jean-Claude, le maître-vampire de la ville, puis de Richard, un loup-garou chef d'une meute. Les trois sont liés par des marques psychiques et forment une puissante triade de pouvoir.

Anita est la servante humaine de Jean-Claude, la dominante de la meute de Richard et le chef d'une meute de léopards-garous. Elle est également avec le temps devenue une nécromancienne aguerrie et une guerrière efficace, aussi bien au corps à corps qu'à l'arme blanche ou à l'arme à feux. Elle a combattu toutes sortes de créatures et enquêté sur les crimes les plus étranges, récoltant au passage de multiples cicatrices.

Anita possède un sens de l'humour féroce et est prodigieusement douée pour survivre. Au fil du temps, elle a appris la politique vampirique, les relations entre garous et elle s'est fait des alliés partout, y compris un terrible mercenaire du nom d'Edward, que ses ennemis surnomment La mort. Elle est tiraillée entre ses deux amours monstrueuses et son désir de rester humaine. Entre la nécessité de sauver des innocents et l'horreur des combats qui l'oblige à s'endurcir.

Pour ceux qui ont lu les premiers :

Depuis six mois, Anita fait une pause dans sa relation avec Richard et Jean-Claude et combat les liens qui les unissent. Anita ayant tué précédemment l'un des renforts d'Edward, elle lui doit une faveur. Et celui-ci appelle pour la lui demander. Elle décolle donc pour le Nouveau-Mexique afin de lui servir à son tour de renfort pour une mission particulièrement dangereuse. Un monstre commet des crimes atroces et Edward veut le débusquer et le tuer.

Anita va être confrontée à des horreurs inimaginables, à de sombres cultes aztèques et, pire que ça, à de nouvelles facettes étonnantes de la personnalité d'Edward.

Style

Le roman, comme les précédents, est écrit à la première personne. Cela nous immerge totalement dans les problèmes d'Anita, dans la complexité de ses sentiments et de ses réflexions. L'auteur n'est certes pas Baudelaire mais son style est diablement efficace. Les descriptions sont courtes et percutantes, chaque dialogue est un petit chef d'œuvre d'humour caustique, les personnages sont typés, l'action est parfaitement rendue.

Le lecteur plonge dans l'histoire avec facilité, s'attache immédiatement aux protagonistes et s'intéresse à leurs dilemmes. Avec chaque nouveau volume, on découvre d'avantage de la personnalité des héros, de leur passé mystérieux, de leurs relations complexes. L'auteur crée un monde complet et très cohérent, avec sa faune et ses lois. Elle se penche tour à tour sur chacune des espèces, vampires, loups-garous, leur inventant tout un vocabulaire et une façon de vivre.

Personnages

Les personnages sont extrêmement détaillés. Ils possèdent tous une psychologie complète, des goûts particuliers, une histoire, un style bien à eux.

Anita demeure égale à elle-même, battante et cynique. Elle fait de plus en plus de cauchemars et carbure au café. Elle ajoute de nouvelles connaissances occultes à son répertoire et des accessoires à son arsenal. Sa plongée au sein des ombres continue et elle perd encore une partie de ses scrupules et de ses sentiments, ce qui l'angoisse énormément.

Edward dévoile des facettes inattendues et troublantes de sa personnalité. Il se livre comme rarement et c'est passionnant d'apprendre à le connaître.

Jean-Claude et Richard sont pratiquement absents de ce tome.

De nouveaux personnages secondaires apparaissent comme l'inquiétante maîtresse vampire Itzpapalotl, les redoutables tueurs à gage Olaf et Bernardo, le sorcier Nicky Baco, la magicienne Eleonora Evans, l'inspecteur Ramirez et bien d'autres.

Thèmes :

La mort et le macabre en général sont très présents, avec de nombreux zombies, momies et cadavres. Les personnages sont confrontés à la perspective de la mort d'être chers ou à la leur. La mythologie, et ici plus spécialement celle des aztèques, est une des inspirations du livre. L'auteur revisite les légendes et le folklore en les passant allègrement à la moulinette. Elle multiplie les références aux classiques de la littérature fantastique mais invente son propre univers et ses propres règles. Le vampirisme, la lycanthropie et le vaudou forment une toile de fond commune à tous les volumes. Enfin, l'amour est un thème récurrent puisque l'héroïne est une incurable romantique. Elle croit à l'âme sœur mais ne peut fréquenter d'humains sous peine de les mettre en danger.

Ambiance :

Les passages drôles succèdent à des scènes de combat sanglantes. La romance pointe entre deux carnages. Le sexe et la violence dessinent une saga en noir et rouge. Mais l'humour est toujours présent. On peut lire Anita Blake comme un roman de fille car l'auteur s'attarde avec jubilation sur des considérations comme le port du soutien-gorge sous les gilets pare-balles ou le manque de pratique d'une mini-jupe pour courir dans un cimetière. La lectrice se régalera également de descriptions de superbes mâles dénudés. Mais ces messieurs ne seront pas en reste avec la galerie de créatures terrifiantes, des échanges de coups de feux dignes de Tarentino et quelques vampirettes affriolantes.

Dans ce tome l'action domine avec de longues scènes haletantes où on se demande avec anxiété comment les héros vont survivre et si même ils vont survivre. La psychologie est également très présente, avec de longues conversations où les personnages s'interrogent sur leur humanité, leur vie, la mort… Le livre est construit comme un polar noir, avec une enquête en toile de fond, des indices et des interrogatoires. Ce tome est moins sentimental que les précédents et comporte un peu moins de scènes de sexe.

Dans un style proche :

Buffy, Entretien avec un vampire, la BD Rapaces.

Pour quel public ?

Un public bien averti. Si vous aimez le sexe, la violence, le fantastique et l'humour noir, foncez l'acheter mais commencez de préférence par les premiers tomes pour profiter pleinement de la richesse de la saga. Si vous êtes une âme sensible ou un très jeune lecteur, évitez d'urgence. Je pense qu'on peut le lire à partir de 14/15 ans à peu près si on est habitué à se faire peur et qu'on aime ça.

Sexe/violence/humour :

Plein de chaque ! Si vous avez l'estomac sensible, évitez de manger avant de lire ce livre. Les descriptions de scènes de torture sont particulièrement atroces et réalistes. La violence est omniprésente sous la forme de monstres ou de flingues. Ca va très très loin dans l'horreur, aussi bien physique que psychologique.

Le sexe est assez présent aussi. On voit notamment pas mal de personnages nus, se livrant à divers ébats.

Il y a une bonne dose d'humour, noir le plus souvent, avec les métaphores pittoresques d'Anita (« la plupart des hommes préfèreraient se faire arracher une dent sans anesthésie plutôt que de parler de leurs sentiments amoureux ») et ses remarques sarcastiques. Elle n'a pas sa langue dans sa poche et ça lui attire pas mal d'ennuis.

Conclusion :

Quoi !!!??? On ne voit pas Jean-Claude, le vénéneux, le sensuel, le troublant vampire ?! Il ne nous régalera pas de ses somptueuses tenues sexy ? Il ne déploiera pas les filets de son éloquence pour séduire Anita ?! Mince alors.

Mais on voit Edward et c'est aussi bien. On se perd dans les méandres de son âme sombre avec délices. Il est fascinant d'ambiguïté et je me suis surprise à le trouver à son tour séduisant.

Le style est toujours aussi efficace et on retrouve avec plaisir tous les ingrédients qui ont fait le succès de la saga : du sang, du sexe, des flingues, d'horribles monstres, des réflexions sur les rapports humains et la difficulté de rester soi-même face à l'innommable.

A chaque fois, je me dis que Hamilton ne pourra pas faire de scène plus répugnante et à chaque nouveau tome, elle y parvient. Epatant…

Les histoires sont un peu répétitives et le scénario un peu léger. Ca se lit vite (quatre jours dans mon cas. Je n'arrivais pas à me coucher tellement j'étais à fond dedans) et avec plaisir. Mais il ne faut pas les lire à la suite sous peine de trouver ça lassant. Le niveau d'intérêt décroît légèrement avec les tomes au contraire de l'épaisseur des volumes qui augmente.

On ouvre le nouvel Anita comme on pousserait la porte d'un bar où on a plein d'amis. On entre en terrain connu mais on en découvre à chaque fois d'avantage sur le monde et les créatures qui le peuplent. Un vrai must pour les fans du genre.

RETOUR