Fiche technique :

Sortie : Mars 2009

Film américain de science-fiction

Durée : 2h 43min.

Interdit aux moins de 12 ans (devrait être interdit au moins de 16 ans ! )

Réalisation : Zack Snyder (300)

Avec dans le rôle de :

Nite owl : Patrick Wilson

Silk spectre : Malin Akerman

Rorschach : Jackie Earle Haley

Docteur Manhattan : Billy Crudup

Comedian : Jeffrey Dean Morgan

Ozymandias : Matthew Goode

Le film est adapté d'une BD DC comics de Alan Moore et Dave Gibbons, datant de 86. cette BD a eu le prix Hugo (Science Fiction Achievement Award).

Le début :

Dans les années 40, un groupe de super-héros, les Minutemen, sillonne la ville de New York et protège les citoyens du crime. Un à un, ils tournent mal et leur groupe finit par disparaître.

Les USA remportent la guerre du Vietnam et le Watergate est étouffé. Nixon reste président et la guerre froide s’amplifie. La guerre nucléaire semble imminente. Un nouveau groupe de héros se forme, les Watchmen. Après une forte contestation populaire, les super-héros sont interdits et ils retournent pour la plupart à l’anonymat. Un soir, le Comédien, un ancien Watchmen est retrouvé mort. Rorschach, un autre Watchmen qui a continué en hors la loi son activité masquée, mène l’enquête. Il suspecte le meurtrier de rechercher tous les anciens masques…

Histoire :

Ce film présente des qualités évidentes et, à mon sens, des défauts non moins évidents.

J’ai apprécié le fait que ce ne soit pas un bête film de baston, ni un film de super-héros de plus (comme les navets Electra, Ironman et j’en passe). Avec ses 2h43, Watchmen prend le temps de présenter ses personnages, de s’attarder sur leur histoire, leur psychologie. Les personnages forment une mosaïque de caractères et une jolie collection de névroses. Pas d’altruisme ni de niaiserie ici. Ces héros sont avant tout des êtres humains, avec leurs défauts, leurs faces noires. Ils se battent parce qu’ils aiment ça. Ils sauvent le monde à leur manière pas toujours très propre.

Le film prend aussi le temps de détailler le monde, qui constitue une intéressante uchronie, genre peu utilisé au cinéma. L’histoire est intéressante. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu la BD pour comprendre (je ne l’ai pas lue). Certaines images constituent néanmoins des clins d’œil à ceux qui l’ont lue. La description du monde décadent et même agonisant est réaliste. Certaines séquences sont particulièrement surprenantes et/ou dérangeantes. L’humour est souvent noir, notamment avec le personnage de Rorschach.

Le défaut le plus important à mes yeux est la violence extrême et souvent injustifiée. En effet, Silk spectre et le Hibou tuent plein de gens sans aucun besoin, et alors qu’ils sont censés être bien intentionnés tous les deux… Le film glisse carrément dans le voyeurisme à plusieurs reprises.

Certaines séquences sont très bavardes, avec des monologues notamment de Rorschach au début et de Doc Manhattan vers la fin sur la décadence du monde, la nature humaine… Le propos n’est pas inintéressant mais j’ai trouvé ces dialogues trop longs.

Enfin, le film part un peu dans tous les sens, avec une trame un peu décousue et des alternances de séquences aux tons très différents. Certaines choses restent peu claires, comme le fait que les héros hormis Docteur Manhattan aient des pouvoirs ou non.

Le film se pose comme une parodie des super-héros trop propres et gentils de DC comics, notamment ceux de la Ligue de justice (Superman, Flash, Aquaman, Green lantern…). Ici, les héros sont violents, alcooliques, fous, mal rasés…

Le film s’interroge sur la société moderne, la guerre, la haine de l’autre, la nature humaine, violente, intolérante, homophobe… Le personnage de Docteur Manhattan pose la question : qu’est-ce qu’être humain ? Le personnage du Comédien : l’homme est-il naturellement mauvais et faut-il lutter contre cela ou l’accepter ? Le personnage de Rorschach : la fin justifie-t-elle les moyens ? La fin est à ce titre particulièrement discutable mais c’était apparemment la même dans la BD. Le sujet de la solitude est également en toile de fond, notamment avec les deux Silk spectre, qui ne fréquentent que des masques et se sentent marginalisées.

J’ai eu un doute sur les idées de ce film au niveau du patriotisme américain, assez martelé et donc la critique ne m’a pas parue nette.

Des symboles temporels jalonnent le récit, avec le badge sur lequel la trace de sang rappelle l’aiguille d’une montre, le nom Minutemen, le nom Watchmen (watch signifie montre), l’horloge de la fin des temps, le père de Doc Manhattan qui est horloger, l’horloge de Mars…

Réalisation/bande son :

La réalisation est assez soignée, avec des combats joliment filmés et un générique de début agréablement rétro. J’ai regretté cependant l’usage répété de ralentis dans les scènes d'action, effet facile et lourdingue à la longue.

La bande son est très réussie, rétro et souvent en décalage total avec la scène, ce qui souligne l’un des propos du film que le monde et la vie en général ne sont qu’une farce stupide.

Acteurs :

Les acteurs, quoique peu ou pas du tout connus, tiennent bien leur rôle. Mention spéciale pour Rorschach, parfait dans un rôle pas facile.

Personnages :

Rorschach : personnage maltraité par la vie, à demi fou, Rorschach m’a ravie par son cynisme et son humour noir. Il s’est forgé un code moral qui lui est propre et dont la première règle est : pas de compromis. Même prisonnier de barreaux d’acier, il reste infiniment dangereux. Un personnage cohérent et intéressant, au look joliment graphique.

Docteur Manhattan : surhomme dont l’histoire rappelle celle de Hulk, Docteur Manhattan est également un personnage jubilatoire pour les fans de SF. Sa nouvelle nature et ses pouvoirs l’ont éloigné de l’humanité. Ses réactions sont donc étranges mais elles restent extrêmement cohérentes durant le film. Son étrangeté est soulignée par sa nudité quasiment constante (mesdames, vous profiterez de tous les détails de sa plastique avantageuse, y compris son pénis bleu !) et des petites scènes rigolotes.

Comedian/Le comédien : être violent, pervers et foncièrement mal intentionné, le comédien assume tous les mauvais penchants de l’humanité. Il représente la face sombre de l’homme. Je suis même étonnée qu’il ait été admis dans le groupe de héros. Il est peut-être un peu trop caricatural.

Nite owl/Le hibou : le gars timide, à lunettes de service. Il collectionne des joujoux technologiques dans sa (bat)cave. Il représente le bon super-héros.

Silk spectre/Spectre soyeux : dommage qu’elle ne soit pas un peu plus développée.

Ozymandias : on ne sait quasiment rien de lui.

Photo/décors/costumes :

Les décors et effets sont soignés avec beaucoup de paysages urbains de nuit, sous la pluie, à la lumière des néons. L’image est assez belle, avec des mouvements de caméra intéressants, quoique pas révolutionnaires. Du point de vue esthétique léchée, je préférais nettement 300.

Mention spéciale pour les costumes des supers, notamment ceux des Minutemen qui sont de véritables trésors de kitsch. Chaque look est étudié, de la tenue à la coiffure en passant par le maquillage. Du grand art. Je me suis régalée en les regardant.

Effets spéciaux :

Ils sont assez nombreux et pas toujours très réussis. J’ai noté des créatures en image de synthèse pas franchement tangibles, notamment. Mais ça passe sans problème.

Si vous avez aimé… vous aimerez :

Si vous avez aimé l’aspect psychologique de V pour Vendetta et le style narratif, il se pourrait que vous aimiez Watchmen.

Par contre, si vous vous attendez à un film du genre de Spiderman ou les X Men, bourré d’action et pas trop réfléchi, vous allez être déçu et trouver le temps long.

Peut être vu par des enfants ? :

Absolument pas ! Et je m’insurge contre les cinémas et la censure française qui ont classé ce film –12 ans ! Il est extrêmement violent et comporte plusieurs scènes de sexe explicites. De plus, les longs monologues métaphysiques sur la condition humaine vont endormir plus d’un jeune.

Sexe/violence/humour :

Ce qu’on peut dire de ce film, c’est qu’il n’a peur ni de la nudité ni du ridicule. Docteur Manhattan se trimballe tout nu pendant quasiment les 2h43, ce qui souligne la bizarrerie du personnage. Son pénis bleu est fréquemment montré. Tout comme les seins et les fesses de Silk spectre. Plusieurs scènes de sexe ponctuent le film, dont une d’un ridicule assez grandiose à bord du vaisseau du Hibou.

La violence est très fréquente pendant tout le film. Elle est crue, très crue, trop crue. Beaucoup d’horreurs sont inutiles et franchement déplaisantes. Je citerais notamment la scène de viol, de multiples membres brisés en gros plan, une femme enceinte abattue à bout portant, des mains coupées à la scie circulaire, un crâne défoncé au couteau de boucher, le corps d’une petite fille déchiqueté par des chiens… Trop, c’est vraiment trop. Je ne vois pas l’intérêt de ce déluge. La violence est un effet facile. Film violent ne veut pas dire fort, monsieur le réalisateur…

L’humour est présent sous la forme du décalage entre l’action et la musique, dans le kitsch des tenues de super-héros mais aussi au énième degrés dans le personnage de Rorschach, notamment quand il est en prison. Cela dit, ce n’est pas un film rigolo, loin de là.

Infos + :

Le début du film m’a furieusement rappelé le sujet des Indestructibles, de Pixar. Des super-héros détestés par la population, craints, déclarés hors la loi, contraints à vivre comme des gens normaux. Qui regrettent leur vie excitante sous le masque et écoutent la fréquence de la police discrètement… C’est vraiment très proche. Dommage pour Pixar, Watchmen est bien plus vieux.

Le logo sur le front du Doc Manhattan représente un atome d'hydrogène.

Le masque de Rorschach et son nom font référence au test de Rorschach, où on montre des tâches d’encre au patient et on lui demande à quoi cela le fait penser. Le tissu est capable de changer de motif car il a été créé par le Doc Manhattan.

Plusieurs célébrités apparaissent pendant le générique de début : les Kennedy, David Bowie en Ziggy Stardust, Andy Warhol...

Le premier groupe de supers, les Minutemen, a pour membres : Silhouette, Mothman, Captain Metropolis, Nite Owl, Dollar Bill, The Comedian, Silk Spectre et Hooded Justice (de gauche à droite sur la photo en noir et blanc).

Si les personnages vous rappellent d’autres super-héros (notamment le Hibou qui ressemble fortement à Batman), c’est normal et intentionnel. Au départ, l’auteur voulait utiliser des héros existant afin que le lecteur s’intéresse à eux et à ce qui leur arrive. Mais les gens de DC ont refusé car cela impliquait de tuer certains héros et d’en maltraiter d’autres. Moore a donc créé une nouvelle brochette de supers, inspirés par des héros de Charlton comics. En les faisant suffisamment proches de héros existant, l’auteur s’assure que le lecteur va les trouver familiers et s’impliquer émotionnellement dans leurs aventures. (source wikipedia américain)

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